Luchini, Misanthrope malgré lui

Un Luchini égal à lui-même, mais vieillissant qui donne la réplique à un Lambert Wilson grossissant...

Alceste à bicyclette

Je n'avais pas fondé beaucoup d'espoirs sur Alceste à bicyclette, mais j'étais assez curieuse de voir quel serait le rendu : entendre des alexandrins déclamés au cinéma.
J'adore Luchini, son esprit cynique, ses yeux perçants et ses remarques acerbes. Comment refuser d'aller voir ce huis clos où il interprète le rôle de l'ancien acteur plein d'orgueil, retiré dans ses terres rétaises à qui on propose de remonter sur les planches ?

A mes yeux, Luchini reste un géant du cinéma et du théâtre, mais on ne peut pas nier qu'on est déçu. On a l'impression qu'il s’essouffle et qu'il ne renouvèle pas tellement son jeu de dépressif aigri ...
Lambert Wilson quand a lui a pris, comme on dit, un sacré coup de vieux ;). Les cheveux blanc, coiffés en arrière, bedonnant dans ses gros pulls en laine, il joue le rôle d'une star de la télé, ayant mis de côté, ce que Luchini appellerait, son vrai talent de comédien.

Quittant Paris de manière précipité, il décide d'aller retrouver, son ancien ami de scène, qu'il n'a pas vu depuis plus de 5 ans : Fabrice Luchini (vous vous en doutez...). Il part donc s'enterrer à l'île de Ré (devenue terre de prédilection de ce dernier).
Accueilli par un chauffeur de taxi un peu trop bavard et une pluie battante, il retrouve son ancien collègue et ami et tente tout au long du film de le convaincre de remonter sur les planches et d'interpréter, non pas le rôle d'Alceste, mais celui de Philinte, l'ami d'Alceste.
Déçu de se voir rabaisser de la sorte, Luchini va, pendant le reste du film se plaindre et mettre sans cesse Lambert Wilson dans l'embarras.

Le problème c'est que très peu de choses, voire rien ne se passe dans cette rencontre entre l'ancien comédien lasse et devenu ermite (Fabrice Luchini), et la star millionnaire du cinéma (Lambert Wilson).
On rit légèrement des quelques blagues sur l'île, des quelques mimiques des deux compères, de leurs rivalités sentimentales ou de leur égo respectif surdimensioné. Mais Molière dans tout ça, est bien oublié... malgré les rares scènes où ils lui font référence.

On aurait pu aimer ce film qui dénigre de manière perpétuelle la télévision au profit du théâtre, mais Luchini force trop son rôle et en est presque énervant. Il devient l'acteur raseur...  Quand au trop gentil Lambert Wilson, il se fait sans arrêt avoir jusqu'à la dernière minute du film.

Bref, c'est à vous d'en juger... si vous ne l'avez pas encore vu.
N'hésitez pas à donner votre point de vue !!

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Enjoy, Eulalie